Dans un article du 26 janvier, le journal, le Dauphiné Libéré semble affirmer que l’ « image » de Cluses serait « piégée » par les mesures moyennes de la pollution par ATMO, augmentées par les niveaux élevés sur le secteur Passy-Sallanches.
Le ton de l’article est déjà donné : pas de panique, Cluses n’est pas si polluée que cela ! Il faut relativiser, nous ne sommes pas à Passy ! Alors que l’ensemble de la vallée de l’Arve est soumise à une pollution chronique, voilà que la presse vient relativiser le problème alors que le second Plan de Protection de l’Atmosphère n’a pas du tout convaincu la population.
Quelle manque de dignité que de réduire un si grave problème à une histoire d’ « image » de la ville lorsque l’on parle de décès prématurés dans toute la vallée. Que cela soit à Passy, à Cluses ou à Annemasse, personne ne doit être mis de côté !
Cluses, une pollution régulière aux Pm 2,5 !
Alors que la vallée de l’Arve est sous les projecteurs politiques et médiatiques quant à la pollution de l’air, nous sommes en droit de nous attendre à des informations sérieuses et poussées d’une telle « révélation » sur l’air de Cluses. Mais cela reste rare dans la presse locale…
Pourtant, selon la dernière étude de « Santé Publique France » publiée en septembre 2017, on est bien loin de vivre dans un « oasis » atmosphérique ! En effet, entre 2012 et 2013, alors que Passy connaît un taux moyen de Pm 2,5 de 6 à 8 ug/m3 d’air, le secteur Cluses-Bonneville a une moyenne de de 12 à 14ug/m3 d’air !
A ce titre, il est impératif de rappeler que la nocivité de la pollution réside essentiellement dans une exposition longue et prolongée et non pas seulement dans une exposition de courte durée lors d’un « pic »…
Bien sûr, Passy connait des taux élevés de pollution aux Pm 10 et au Benzo(a)pyrène. Cela se comprend de part sa situation géographique qui voit s’accumuler tous les polluants (fond de vallée). Elle est aussi une commune d’accueil de deux sites industriels (SGL Carbon et incinérateur) très émetteurs de polluants, sans même parler de la forte concentration d’habitations chauffées aux feux de cheminée et le passage des poids lourds sur le viaduc des Egratz (augmentation de la combustion)… Mais, Passy est aussi la commune la mieux dotée en appareils de mesure de la qualité de l’air dans la vallée !
De ce point de vue, n’est-il pas légitime de se demander ce qu’il en est du Bassin de Cluses, cette vaste zone industrielle qui ferme également la moyenne vallée de l’Arve ? Avec la concentration de tant d’activités industrielles, dont l’incinérateur de Marignier, dans un bassin de vie fermé par des montagnes, traversé en son cœur par une autoroute et parsemé de pavillons – encore – chauffés par des cheminées, n’y a t-il pas des caractéristiques communes à celles de Passy ?
On ne peut donc pas s’en tenir au seul ressenti pour comprendre la pollution et c’est pourquoi des instruments de mesure scientifique relèvent d’un besoin démocratique à satisfaire urgemment…
Un capteur de mesure de la qualité de l’air à Cluses ?
Réclamé depuis longtemps par la population, l’annonce du maire de vouloir installer un capteur peut nous permettre d’avancer collectivement. C’est une bonne chose.
Cependant, nous espérons que cela ne se résume pas à un effet d’annonce en vue des prochaines élections municipales. Or, comment ne pas craindre cela lorsqu’aucune date réelle, ni aucun détails sur les polluants mesurés ne sont annoncés alors que l’échéance électorale arrive dans un an ? Un capteur « mobile » signifie t-il que les mesures seront ponctuelles ?
En effet, pour avancer concrètement, il est nécessaire que les relevés du capteur soient transparentes et orientées vers l’analyse des Pm 2,5, et surtout de leur nature, comme par exemple des précisions sur les métaux lourds et les COV (composés organiques volatiles). Largement produits par l’industrie métallurgique et les moteurs à combustion, les métaux lourds et les COV s’agrègent aux PM 2,5 et peuvent ensuite retomber dans les sols avec les pluies.
Au cœur de la « capitale du décolletage », placer le capteur du côté des Jardins partagés et solidaires rend plus que nécessaire de telles précisions d’analyses.
Hacer, la zone d’ombre…
L’article évoque l’usine Hacer en sous-entendant que son problème n’est pas tant la pollution, que ses 14 cheminées qui « donnent l’impression » d’une forte pollution. Certes, il ne faut pas se laisser entraîner par ses émotions et voir la pollution dans n’importe quel nuage. Toutefois, n’est-ce pas mépriser la population de cette zone qui tousse et respire mal et constate chaque jour ce voile bleuâtre ?
Si l’État a les choses bien en main, pourquoi n’y a t-il pas une plus nette transparence sur les émissions polluantes ? Mais cela est sûrement trop en demander aux autorités concernant une usine dont la propriété revient à NAXICAP, un groupe financier qui gère également des parts de la Banque Publique d’Investissement( détenu à plus de 50 % par l’Etat)…
Sans contrôle populaire et démocratique, sans organisme hors de tout conflit d’intérêt, jamais on ne pourra savoir réellement si Hacer « pollue » ou « ne pollue pas » !
Au final, cet article laisse bien à désirer sur le sérieux médiatique quant à l’objectif d’informer la population. Quel est le véritable but d’un tel article : élever le niveau de connaissance de la population ou bien accompagner les objectifs politiques du maire ?
Pour nous, le combat se fonde sur une ligne de conduite ferme : informer et élever le niveau de connaissance dans la population locale. Seule cette perspective dans un travail de longue durée peut nous faire avancer collectivement.
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