Dans un article du Dauphiné Libéré (en mode abonné et disponible ci-dessous) , on apprend que lors du dernier conseil municipal de Cluses, il a été statué que l’usine Hacer ne serait pas déplacée.
Si ce n’est pas une très grande surprise pour nous, cela pose une question de fond quant à la problématique liée aux émissions nocives de cette entreprise. Une problématique qui semble peu prise au sérieux de part et d’autres…
Entre ceux qui fustigent une « pollution visuelle » et ceux qui se rangent derrière le « respect des normes » pour évacuer sa pollution, l’usine Hacer peut rester tranquille, rien ne changera.
Qu’ Hacer soit dégradante pour « le paysage » est bien ridicule quant on sait que l’aspect principal ce sont ces rejets de métaux lourds, avec les répercussions terribles pour la santé des habitants du bassin de Cluses.
De même que dire que l’entreprise Hacer respecte les soit-disants normes est une esquive du problème de fond puisque les évaluations sont effectuées dans l’ombre, sans aucune volonté de vulgarisation pour le grand public.
De plus, peut-on s’en tenir à des évaluations effectuées le plus souvent en auto-déclarations et à des normes qui ne sont pas établies de manière démocratique ? Et cela d’autant plus lorsqu’on sait que les métaux lourds sont difficiles à bien évaluer.
Pour nous, l’usine Hacer ne doit ni être fermée, ni être délocalisée, cela ne tient pas la route.
Nous ne sommes pas à Passy avec l’usine SGL Carbon dont la production fournit directement l’industrie nucléaire et le marché des batteries électriques, deux choses catastrophiques au plan écologique.
L’usine Hacer est une production nécessaire et utile à tous et toutes pour avoir les produits métalliques dont nous avons besoin.
Par contre, en tant qu’entreprise privée, il est inadmissible que la modernisation et la rénovation des filtres soient payés par le contribuable public.
Savoir qu’Hacer bénéfice de l’argent public dans le cadre du Fonds Air-Industrie est un véritable scandale social et politique.
Hacer doit mettre la main à la poche, et prendre sur ses bénéfices nets pour réduire ses effets délétères sur la collectivité. Soit Hacer paye de sa proche pour protéger la population, soit il est légitime que la population contrôle l’usine Hacer pour mettre en place les moyens de se protéger.
Ce sont là les deux seules solutions réellement démocratiques et réalistes. Mais pour cela, nous ne répéterons jamais assez combien il est nécessaire qu’un rapport de force naisse pour réaliser cet objectif.
Aucune avancée positive ne peut se faire sans l’implication de toutes et tous ; les élus, de part leur choix idéologique, resteront toujours plus près des intérêts industriels que de l’intérêt de la collectivité.
Voici l’article complet du Dauphiné, disponible ici en mode abonné :
Cluses : l’entreprise Hacer ne déménagera pas
L’annonce avait fait l’effet d’un petit tsunami. Lors du débat télévisé organisé par Le Dauphiné Libéré et TV8 Mont Blanc en février 2020 dans le cadre des élections municipales, le maire de Cluses, Jean-Philippe Mas, avait lâché une bombe en évoquant l’idée d’une délocalisation d’Hacer. Il faut dire que l’usine de traitement de surface, dont le panache de fumée cristallise depuis des années de nombreux débats entre polémiques, critiques et inquiétudes (auprès des riverains comme des collectifs engagés pour la défense de l’environnement), fait partie des sujets brûlants sur le territoire.
« Un silence assourdissant qui entoure ce dossier »
« Une pollution visuelle qui défigure notre bassin de vie et affecte sa population » lançait Claude Ruet pour le groupe d’opposition “Portons demain” qui a mis le sujet sur la table au moment des questions écrites, en toute fin de conseil, interrogeant le maire : « Vous ajoutiez que ce projet avait le soutien de la Région avec une participation à hauteur de 1 million d’euros. Dans votre tract de campagne, vous affirmiez vous être entendu avec les dirigeants de la société pour une délocalisation sur le territoire et la construction d’une nouvelle usine moderne » poursuivait-il et d’expliquer, qu’en raison de la crise sanitaire, le groupe avait laissé passer neuf mois pour obtenir des éléments concrets avec « un silence assourdissant qui entoure ce dossier et sous la pression des citoyens qui se sont récemment alarmés d’une recrudescence des fumées opaques qui nappent notre fond de vallée. »
Le groupe a ainsi demandé où en étaient précisément les travaux définis en 2017 sur le site actuel, autour d’un accord entre la société, la Région, le Département, la communauté de communes et Cluses pour un financement à hauteur de 375 000 euros pour le traitement des fumées.
Une délocalisation impossible
Pour ce dossier si sensible, le maire de Cluses a pris le temps de répondre pour expliquer les tenants et les aboutissants. Concernant l’éventuelle délocalisation, Jean-Philippe Mas a fait comprendre que cette solution ne pourrait aboutir et avait été étudiée lors de discussions avec les responsables d’Hacer : « Depuis, il y a eu pas mal d’autres choses et les débats ont été rouverts que depuis deux ou trois mois ».
Il a également précisé que cette solution posait trop de problèmes, à savoir le coût estimé à 35-40 millions d’euros « alors que la première estimation était bien loin de ça. Et puis si on part sur une délocalisation, ils n’auront pas le temps de construire pour continuer la production, obligatoire pour la sous-traitance ».
Enfin, cela ne change de toute façon pas le nœud du problème, les fumées : « Mais on a aucune preuve d’une pollution avérée sur ce site », a tenu à rappeler Jean-Philippe Mas, l’usine étant aux normes : « Et s’il faut les changer, ce sera à l’État et à l’Europe de le faire » signalant qu’Hacer était en plus une des usines les plus surveillées de France.
La solution serait donc le traitement des fumées pour enlever 100 % du panache et éviter les rejets et toute forme de pollution visuelle. Pour cela, la Ville a trouvé un cabinet d’études : « C’est un peu trop tôt pour en dire plus, il faudra attendre début septembre ». Une petite avancée mais toujours freinée par l’entreprise elle-même (qui emploie près de 200 personnes) et qui a fait le choix de ne pas communiquer. Elle sait aussi qu’elle est indispensable pour la branche du décolletage… Pour Claude Ruet, il y a donc de la mauvaise foi… « Cette délocalisation, on a toujours su qu’elle était inenvisageable car personne veut sur son territoire recevoir ce genre d’infrastructures. Et tout le monde sait dans la vallée qu’Hacer ne fera jamais de travaux, ils ne feront jamais rien. »
Le maire de conclure le débat : « Ils ne sont pas sommés par la Dreal ou le préfet de faire ces travaux, ils sont aux normes, donc ça ne change pas. Donc quoi qu’il arrive, il nous faut plus de temps », rappelant que la branche décolletage était également en train de réfléchir à d’autres évolutions techniques. Que le vent peut aussi vite tourner.